Avant d’entamer la matière de l’atelier, prenez quelques minutes pour questionner les participants sur leurs expériences lors du cours précédent ; re-définissez une notion si elle a été mal comprise, et répondez à toute question concernant les ateliers précédents.

Cet atelier abordera la notion de vitesse d’obturation, à savoir : la nature de son fonctionnement, son influence dans l’exposition, et son effet esthétique.

Si les moyens s’y prêtent (locaux avec places assises, système de projection), l’atelier débutera par une introduction illustrée ; il sera présenté quelques images singulières (de part le temps de pose utilisé pour les réaliser), et quelques points clefs de l’histoire de la photographie (relatifs à la vitesse d’obturation).

La deuxième partie de l’atelier sera le temps de la pratique. Durant cette phase, l’enjeu principale sera d’inculquer aux participants quelques références de vitesse ; ils apprendront à utiliser la bonne vitesse, en fonction de leur sujet et de l’effet esthétique désiré.

En conclusion de cet atelier, si l’infrastructure le permet (locaux à disposition) et si la diversité et la qualité des images s’y prêtent (exercices de niveaux avancés réalisés), vous réviserez et commenterez les images réalisées par les participants. Cette dernière étape de la session permettra de relever certains problèmes, mais aussi d’argumenter sur l’esthétique des photographies.

Définition de la vitesse d’obturation

1. Définition de la vitesse d’obturation

Dans un premier temps, définissez ce facteur de la manière suivante : « la vitesse d’obturation correspond au laps de temps durant lequel la lumière est en contact avec la surface photosensible (capteur, plan film, …). Ce laps de temps est contrôlé par l’ouverture et la fermeture d’un obturateur mécanique (obturateur numérique sur de nombreux mirrorless) »

 

Si besoin, explicitez cette définition par une illustration (coupe latérale d’un appareil photo, vidéo montrant l’ouverture d’un obturateur, etc). 

Une autre formule pour explicitez cette définition, est de l’illustrer sur l’appareil photo primitif ; l’obturateur correspondant au trou perçant la boite, la vitesse d’obturation est déterminée par un trou laissant passer la lumière avant d’être occulté. 

Introduction à la vitesse d’obturation (optionnel)

La vitesse d’obturation en quelques images singulières et/ou historiques

L’idée générale de ce chapitre sera de présenter une série d’images aux esthétiques singulières, générées par certaines vitesses d’obturation, et de demander aux participants, pour chacune d’entres-elles, la vitesse qu’ils estiment avoir été nécessaire pour créer la photographie.

Certaines images de cette série seront révélatrices d’étapes importantes dans l’histoire de la technique photographique.

Ci-dessous un exemple de déroulé :

Note : Pour chaque illustration, laissez le temps aux participants de deviner le temps de pose utilisé pour réaliser l’image.

Photographie de Michael Wesely (voir illustration n°1) :

    • Le temps de pose est de 1 an.
    • Nombre f:1250 (trou d’ouverture microscopique).
    • Réalisé à la chambre technique.
    • Dans le ciel, se retrouve les différentes trajectoires du soleil durant toute l’année
    • Les arbres sont tous verts, car les saisons été-printemps sont bien plus lumineuses que l’hiver et l’automne, donc plus d’impact sur le plan-film.
    • Personne n’est visible dans le parc, car la présence d’un passant est trop furtive que pour avoir un impact sur le plan-film.

Photographie de Michael Wesely (voir illustration n°2) :

    • Le temps de pose est de 1 semaine.
    • L’afflux de lumière est contrôlé par occultation de la pièce dans laquelle se trouve le sujet.

Photographie de David Shannon-Lier (voir illustration n°3) :

    • Temps de pose de 6h (environ).
    • Image représentant la trajectoire de la lune.
    • Le photographe prolonge la trajectoire de la lune en intervenant sur le paysage (trait sur la roche, cailloux).

Photographie d’un ciel nocturne avec un filé d’étoiles (voir illustration n°4) :

    • Soit temps de pose de plusieurs minutes, soit timelapse (plusieurs images à 30s).
    • L’étoile polaire est au centre.

Photographie d’un aéroport (voir illustration n°5) :

    • Temps de pose d’environ 15 minutes

Première photographie de l’histoire, 1827, Nicéphore Niépce (voir illustration n°6) :

    • Temps de pose de 3 jours environ
    • Surface photosensible à base de bitume (très peu sensible)
    • On observe une contradiction dans l’exposition du sujet ; deux façades opposées sont éclairées.

« Boulevard du Temple », 1839, Louis Daguerre (voir illustration n°7) :

    • Temps de pose d’environ 15 minutes.
    • Procédé photosensible à base de cristaux d’argent (daguerréotype), plus sensible que le procédé de Niépce.
    • Personne n’est visible sur le boulevard, car ils sont passé trop furtivement, donc impact quasi nul sur la plaque sensible.
    • Malgré tout, on aperçoit deux personnages (cireur de chaussure et son client), qui sont resté durant tout le temps de pose.
    • Première photographie représentant des êtres humains de l’histoire.



Portraits du XIXe siècle, réalisés avec le daguerréotype (voir illustrations n°8, 9, 10) :

    • Temps de pose de parfois plusieurs minutes.
    • Sujet placé sous un éclairage très puissant (mal aux yeux, très chaud).
    • Utilisation d’une structure en métal pour stabiliser le sujet.
    • Les studios photographique de l’époque portaient le surnom de « chambre de torture ».

Photographie d’une balle transperçant une pomme, Harold Edgerton (voir illustration n°11) :

    • Vitesse d’obturation de 1/100.000 de seconde.
    • Cette vitesse n’est pas obtenue mécaniquement, mais à l’aide d’un flash projetant une lumière très brève.


Illustrations de plaques au Gelatino-Bromure d’Argent (voir illustrations n°12, 13) :

    • Nouveau procédé apparaissant en 1870, à base de gélatine et de Bromure d’Argent.
    • Première plaques sensible sèches (avant la solution devait rester humide pendant la prise de vue).
    • Premières plaques sensibles à être industrialisées et vendues en magasin (avant le photographe devait faire sa propre solution)
    • Procédé plus sensible que les précédents (4 iso à la genèse de la technologie) ; ce qui permet, en pleine lumière, et avec une optique lumineuse, d’atteindre le 1/200e de seconde

« The horse in motion », 1878, Eadweard Muybridge (voir illustration n°14) :

  • Série d’images réalisées pour prouver que le cheval – garde toujours un fer au sol en phase d’extension -.
  • Muybridge a utilisé des plaques au Gelatino-Bromure d’Argent.
  • Il a disposé 12 appareils photo le long d’une piste blanche (pour refléter la lumière), et chaque appareil se déclenche lorsque le cheval est à son hauteur.

Exercices de l’atelier 3

1. Types d’exercices nécessaires et obligatoires

Tous les exercices se font en mode priorité à la vitesse. Expliquez aux participants le fonctionnement du mode.

Exercice n°1 : Au préalable, expliquez aux participants qu’il faut distinguer deux types de flous de vitesse ; celui engendré par le tremblement du photographe, et celui engendré par le sujet en mouvement.

Ce premier exercice servira à déterminer la vitesse « plancher » pour ne pas obtenir de flou de bougé (lié au tremblement de l’appareil).

Demandez aux participants de se régler sur une vitesse d’une demi seconde, et de désactiver leur stabilisateur. Ensuite, à focale fixe, il devront prendre une série de photo d’un sujet immobile, et chacune à une vitesse deux fois plus rapide que le précédente (1/2s, 1/4s, 1/8s, …). Le but sera de déterminer à partir de quelle vitesse leur photo devient nette (exempte de flou de bougé).

En conclusion de cet exercice, donnez la règle suivante pour déterminer la vitesse « plancher », mais en stipulant bien qu’elle doit être couplée à une stabilité maximum du photographe, au risque de créer une image tout de même floue : la distance focale utilisée est divisée par deux, et cela nous donne une vitesse (en fraction de seconde) ; exemple : 50mm = 1/25s.

Exercice n°2 : Ce deuxième exercice servira à déterminer la vitesse plancher pour ne pas obtenir de flou de vitesse sur un sujet marchant.

Demandez aux participants de se régler sur une vitesse de 1/50e de seconde. Ensuite, ils devront réaliser une série d’images d’un sujet en marche (de la tête aux pieds), chacune à une vitesse plus rapide d’un 50e de seconde par rapport à la précédente (1/50s, 1/100s, 1/150s, …). Le but de cet exercice sera de déterminer à partir de quelle vitesse le sujet est totalement figé.

En conclusion, donnez au groupe la vitesse plancher pour figer un marcheur à allure normale : 1/320e de seconde.

Exercice n°3 : Ce troisième exercice servira à déterminer la vitesse plancher pour ne pas obtenir de flou de vitesse sur un sujet courant.

Demandez aux participants de se régler sur une vitesse de 1/320e de seconde. Ensuite, ils devront réaliser une série d’images d’un sujet courant (de la tête aux pieds), chacune à une vitesse plus rapide par rapport à la précédente (1/320s, 1/400s, 1/500s, …). Le but de cet exercice sera de déterminer à partir de quelle vitesse le sujet est totalement figé.

En conclusion, donnez au groupe la vitesse plancher pour figer un coureur à l’allure modéré : 1/640e de seconde.

Exercice n°4 : Ce quatrième exercice servira à déterminer la vitesse plancher pour figer un sujet très dynamique (projection d’eau, oiseau qui s’envole, mouvement rapide de la main, …)

Demandez aux participants de se régler sur une vitesse de 1/640e de seconde. Ensuite, ils devront réaliser une série d’images d’un sujet très rapide que vous aurez choisi au préalable. Chacune des images sera réalisée à une vitesse plus rapide par rapport à la précédente (1/640s, 1/800s, 1/1000s, …). Le but de cet exercice sera de déterminer à partir de quelle vitesse le sujet est totalement figé.

Durant cet exercice, rester attentif à l’exposition des images réalisées par les participants. Faites remarquer le clignotement du facteur ouverture (si il a lieu), et expliquer la nécessité de monter la sensibilité lorsque la vitesse utilisée est très rapide.

En conclusion, donnez au groupe la vitesse plancher pour figer le sujet choisi : 1/1500s pour un pigeon qui s’envole, 1/2000s pour une projection d’eau, etc…

Exercice n°5 : Pour cet exercice, demandez aux participants à ce qu’ils réalisent un « filé dynamique » (si certains ne visualisent pas ce rendu d’image, expliquez-en la nature ou montrez un exemple visuel).

Pour commencer ne donnez aucune consigne technique ; laissez les participants déduire les paramètres nécessaire à la réalisation d’une telle image.

Ensuite, si cela n’est pas évident pour les participants, donnez quelques pistes ou le réglage adéquat de la vitesse.

Ne terminez pas l’exercice tant que chacun n’a pas réussi son image.

Exercice n°6 : Présentez l’effet « Zooming » (zoomer pendant l’ouverture de l’obturateur, à une vitesse de 1/10s), et présentez l’effet « Siphon » (tourner l’appareil sur lui-même pendant l’ouverture de l’obturateur, à une vitesse de 1/10s).

Ensuite, laissez brièvement les participants expérimenter ces deux effets.

Exercice n°7 : Les participants devront réaliser l’image d’une scène obscure, et à main levée. Pour les participants, l’objectif de cet exercice sera d’apporter suffisamment de lumière via la vitesse et la sensibilité, pour que l’appareil ne soit pas en manque de lumière à pleine ouverture.

Vérifiez chez chaque participant que le couple – vitesse/sensibilité – utilisé est cohérent (vitesse suffisante pour figer le sujet, et montée en sensibilité juste suffisante pour une bonne exposition).

2.Démonstration de l’usage des poses lentes

Dans un premier temps, choisissez un endroit sombre afin de pouvoir réaliser cette démonstration.

Ensuite, installez le matériel, à savoir un trépied et un appareil photo (le vôtre ou celui d’un participant).

Vous réaliserez, en collaboration avec les participants, trois effets spécifiques :

  • Une photo de groupe aux sujets transparents (quelques secondes de temps de pose, les protagoniste restent la moitié du temps dans la scène)
  • Une photographie de « light painting » (quelques secondes de temps de pose, les participants dessinent avec leur lampes de smartphones)
  • Une photo dans laquelle un participant se reproduit plusieurs fois (avec un flash, plusieurs secondes de temps de pose, déclenchement du flash sur le visage à plusieurs endroits du cadre)

Note : Après l’énoncé de chaque effet à réaliser, laissez le temps aux participants de déduire les paramètres à utiliser, et la marche à suivre pour obtenir l’effet.

3.Types d’exercices optionnels (niveau avancé)

Tous les exercices se font en mode priorité à la vitesse. Les images produites lors de ces exercices pourront être commentées en conclusion d’atelier (esthétiquement et techniquement).

Exercice n°1 : Si les conditions le permettent (vaste endroit sombre, ou heure nocturne) et que vous disposez de plusieurs trépieds, invitez les participants à réaliser quelques images en pose lente, et sur le sujet de leur choix.

Exercice n°2 : Si les conditions le permettent (bonne lumière), invitez les participants à se mettre par deux, afin de réaliser une série d’images à vitesse très rapide (au moins 1/1000s).

Chaque participant devra photographier son compère en mouvement dans le but de le figer (en sautant, en courant, en secouant la tête, etc…).

Exercice n°3 : Dans un endroit sombre (intérieur église, passage couvert, …), invitez les participants à photographier librement, et à main levée.

L’interêt de cet exercice sera de laisser les participants s’exprimer photographiquement, tout en assurant un bon réglage de la vitesse et de la sensibilité.

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