Principe de l’atelier 7

L’atelier 7 est un atelier dédié à la construction de l’image. Pour la première fois, le participant se détache de la technicité et s’essaye à la créativité photographique.

En ce sens, le formateur veillera à ne rien développer autour de la gestion technique de l’appareil, et à ne pas s’attarder sur un réglage.

La première partie du cours consistera à présenter les grandes règles ou astuces de composition ; les principes qui structurent l’image, la sublime ou mettent en valeur le sujet. La présentation de ces notions devra se faire de manière didactique, grâce à un matériel visuel ; les images de grands photographes serviront à en détacher leurs méthodes et astuces de composition.

Le formateur évitera à tout prix, de présenter ces grandes règles par l’unique explication de leurs principes géométriques, rien n’est plus scolaire et aride. Aidez-vous de matériel visuel.

La deuxième partie du cours sera dédiée à la prise de vue en extérieur. A cette étape, le participant pourrait se sentir désorienté : l’environnement saturé de la ville conjugué au nombre d’informations acquises en première partie de cours, lui ferait considérer trop de possibilités de sujets et de cadrage.

Le formateur aura pour rôle de les guider, en imposant un thème ou une méthode de composition, ou encore en proposant de s’inspirer d’une image.

En conclusion de cet atelier, si l’infrastructure le permet (locaux à disposition) vous réviserez et commenterez les images réalisées par les participants. Cette dernière étape de la session permettra de relever certains problèmes, mais surtout d’argumenter sur l’esthétique des photographies.

Note : Un fichier ZIP est attaché à la plupart des chapitres de ce cours ; il contient les illustrations à consulter lorsque vous parcourez le contenu écrit. Ces illustrations peuvent également être utilisées lors de la formation que vous donnerez.

Introduction : apprendre avant de désapprendre

Cette introduction doit être ambivalente : d’un côté, évoquez la composition sous sa forme académique, comme cet ensemble de règles nécessaire à la bonne construction de l’image.

D’autre part, insistez sur la nécessité à transcender ces lois, et à ne surtout pas les suivre aveuglément.

En d’autres mots, cet avant-propos présentera les grandes règles de composition comme un ensemble de pistes, utiles à la mise en valeur d’une photographie, mais qu’il n’est pas interdit de remettre en question.

En effet, la singularité d’un photographe passe également par l’originalité de son cadrage.

Exemple :

Présentez deux photographies traitants du même sujet, mais au compositions différentes : Une construction classique, et une atypique. Expliquez en quoi ces deux manières de composer sont intéressantes, et sont au service du propos.

 

1. Ansel Adams, El Capitan, 1938 (voir illustration n°1) : La volonté première du photographe était de sublimer le sujet, et de nous présenter le caractère grandiose du parc national. Pour ce faire, la prise de vue fût réalisée par une météo ensoleillée (apportant les bons et beaux contrastes de lumière), et sous un ciel partiellement recouvert (apportant des belles textures nuageuses).

L’image est également scindée en tiers horizontaux : La terre (la forêt), la roche (et l’eau), le ciel. Comme un aperçu de toutes les merveilles que nous offre le parc de Yosemite.

2. Thomas Struth, El Capitan, 1999 (voir illustration n°2: Dans ce cliché, le photographe créé une dualité entre tourisme et nature. La montagne « El capitan » est érigée comme un totem au bas duquel, les touristes contemplent. Plus que des touristes, ce sont des pèlerins.

Thomas Struth a donc positionné la scène des touristes au plus bas de l’image, les écrasant par rapport à la montagne et au ciel. La montagne est également centrée et lumineuse, lui donnant toute l’importance et la puissance dans l’image.

2. La photographie n’a rien inventé (point pédagogique optionnel)

La photographie est un art très récent (1827, N. Nièpce), et elle n’a de ce fait pratiquement rien inventé dans l’art de la composition.

Réalisez quelques parallèles entre des peintures (antérieures à l’invention de la photographie) et des photographies. Relevez dans les deux oeuvres les points communs de composition.

Exemple : 1. Le nombre d’or :

1. La mort de Socrate
2. HC Bresson – cycliste

Le nombre d’or correspond à une proportion, division asymétrique de l’espace qui apparaîtrait très agréable à l’oeil humain. La version simplifiée de cette règle du nombre d’or, est la règle des tiers.

2. Les lignes de perspectives : 

3. École d’Athènes
4. Candida Hoffer

La peinture de Raphael, comme l’image de Candida Höfer, se basent sur la convergence des lignes au centre du cadre; l’impression de profondeur est au plus fort.

3. Les formats

Abordez dans ce chapitre les formats « paysage », « portrait », et « carré ».

Ces différents formats imposent des rythmes de lecture différents, et ceci s’explique par le sens dans lequel nous lisons une image : il se fait de gauche à droite et de haut en bas. Ce sens de lecture est universel, et chaque être humains parcourra une photographie de cette manière.

De ce fait, sur ces différents formats, notre regard glisse de manières différentes :

  • le format « paysage » se lit plus calmement, en longueur.
  • le format « portrait » se lit de manière plus agitée et étriquée, nos yeux « ricochent ».
  • le format carré est plus monotone et doux dans sa lecture.

Exemple :

Présentez trois cadrages différents d’une même photographie, et demandez aux participants d’attribuer un adjectif pour chaque version. Expliquez-leur ensuite, pourquoi une sensation domine pour chacun de ces formats.

1. format paysage
3. format carré
2. format portrait

4. Le placement du sujet

Dans le cadre photographique, le positionnement du sujet déterminera son statut dans l’image : son importance comme sujet principal, comme sujet secondaire, ou comme objet esthétisant.

Dans ce chapitre, vous aborderez :

  • La taille du plan (du plan général aux multiples sujets, jusqu’au plan serré sur un sujet)
  • Le point de vue (plongée, contre-plongée, plan américain).
  • Le dépouillement de l’image.
  • La construction selon la règle des tiers.
  • La construction centrée.

Exemple :

– Présentez une série d’image, allant d’une photographie dans laquelle le sujet principale est indiscernable, jusqu’à l’image dont le sujet est clair et unique :

Une vue urbaine large et saturée, sans premier plan, sans mise en valeur d’un sujet.
Une vue urbaine large, et construite selon la règle des tiers, plus harmonieuse.
Lee Friedlander, American, born 1934
Father Duffy. Times Square, New York City, 1974
Gelatin silver print
7 ½ x 11 1/4” (19.1 x 28.5 cm)
Purchase
Un portrait de plein pied, dont le personnage se place à un tiers de l’image.
Un portrait de plein pied, au personnage centré dans son contexte.
Illustration n°6 : Un portrait de plein pied, au personnage sur un fond dépouillé.
Illustration n°7 : Un portrait serré. Le visage est l’unique élément de l’image.

5. Les lignes

Dans ce chapitre, vous abordez les lignes de forces.

Au premier degré, les lignes de force sont la géométrie intérieur d’une image, sa structure. Implicitement, elles génèrent différentes impressions auprès du lecteur de l’image.

Une photographie dans laquelle :

  • les lignes horizontales prédominent, inspirera calme et stabilité
  • les lignes obliques prédominent, inspirera dynamisme et instabilité
  • les lignes incurvées prédominent, inspirera douceur et apaisement

Également, les lignes convergentes vers un point de fuite aideront à créer la profondeur. Si ces lignes sont ponctuées d’éléments à répétition, la sensation de percée dans l’image sera d’autant plus grande. (voir illustration n°1)

1. lignes de fuite et répétition

Les cadres présents dans l’environnement peuvent aider à focaliser sur un sujet (le cadre d’une fenêtre, l’entrebâillement d’une porte, etc…) (voir illustration n°2)

2.-cadre-dans-limage

N’oublions pas que ces lignes peuvent être suggérées ; la trajectoire d’un avion, ou la confrontation de deux regards, dessinera implicitement ces lignes. (voir illustration n°3)

3. ligne implicite

Exemple :

Proposez la lecture des portfolios de deux photographes différents, dont les images montrent l’emploi récurrent de certaines lignes de force.

1. Garry Winogrand, série « Women are Beautiful » : Dans ce projet, le photographe bascule très souvent son cadre, penchant de ce fait chaque ligne. Les images sont déstabilisés, mais nous procurent également un sentiment de légèreté. La vision du photographe est moins « établie », moins stable, et plus aérienne. (voir illustration n°4)

 

4.-Garry-Winogrand-women-are-beautiful

2. Mario Giacomelli, séries « the priests » et « paesaggi » : L’étrangeté du travail de Mario Giacomelli est sa double fascination pour premièrement le manichéisme des tons (il produit grâce à un papier spécial des contrastes violents, des images aux tons blancs ou noirs), et d’une autre part les rondeurs, les courbes. En d’autres mots, la forme est dure, tandis que la composition est douce. (voir illustration n°5, 6)

5.-Mario-Giacomelli-priests
6.-Mario-Giacomelli-paesaggi

6. L’image minimale

Dans ce cours chapitre, vous aborderez l’abstraction géométrique d’une image.

En présentant quelques photographies du genre, vous amènerez l’idée qu’il est possible de supprimer le contexte de lieu, d’objet et d’échelle d’un sujet, en réduisant l’image à un ensemble de formes et/ou de lignes.

 

Cette astuce permettra de conférer à la photographie une beauté «minimale».

Ce principe de composition requiert un grand travail d’observation, et de cadrage.

Note : exemples attachés à ce chapitre


1. image minimale


2. image minimale


3. image minimale


4. image minimale


5. image minimale

7. La lumière et la couleur

Abordez la lumière, et ses différents jeux qui permettront de mettre en exergue le sujet ou de sublimer la scène. Evoquez :

  • le clair-obscur (le sujet lumineux est mis en évidence sur un fond sombre)
  • les couleurs chaudes (elles se détachent d’avantage par rapport aux couleurs froides)
  • les reflets (pour abstraire une scène, ajouter subtilement un élément)
  • l’effet « sfumato » (un voile de poussière, de fumée, de brouillard, une vitre embuée peuvent atténuer le contraste des sujets)

Note : illustrations des ces effets attachées à ce chapitre


1. Clair-obscur


2. Couleur chaude


3. Reflet – élément supplémentaire


4. Reflet – abstrait


5. Effet sfumato

8. Le contre-pied d’un photographe (point pédagogique optionnel)

Démontrer l’importance de savoir se défaire des règles « académiques » de composition.

Pour ce faire, présentez l’oeuvre d’un photographe aux compositions très singulières. Expliquez en quoi ces compositions atypiques servent sa démarche artistique.

Exemple :

L’oeuvre de Lee Friedlander : Ce photographe expérimente énormément, mais son contre-pied principal aux « bonnes règles » de composition est son travail de surcharge, de saturation des images, qui nous amène à ne plus rien distinguer. Nous sommes à l’opposé complet d’un travail de dépouillement et de pureté graphique de l’image.

Lee Friedlander nous fait entrevoir le monde sous son angle le plus chaotique, et bien que ses paysages urbains se composent d’éléments rectilignes, ceux-ci s’entremêlent et créent la confusion dans l’image.

Note : images de Lee Friedlander attachées à ce chapitre


1. surcharge d’éléments


2. surcharge d’éléments


3. surcharge d’éléments


Miami, Florida


5. surcharge d’éléments

9. Prise de vue en extérieur (exercices)

Exercice 1

Imprimez au préalable une série d’images « pistes ».

Ces images (sous formes de petits tirages) seront données une par une aux élèves. A chaque nouvelle image délivrée, vous demanderez aux participants de réaliser quelques photos inspirées par cette image « piste », et mettant en évidence un trait de composition (lignes de force, règle des tiers, plan serré, reflets, clair-obscur, ...)

Cet exercice aura pour but de guider le participant sur une voie. L’environnement saturé de la ville conjuguée au nombre d’informations acquises en première partie, lui ferait considéré trop possibilités de sujets et de cadrages.

Note : quelques exemples d’images-pistes attachées à ce chapitre

Exercice 2

Proposez aux participants de réaliser un petit « reportage » sur le quartier, en respectant une unique méthode de composition (comme par exemple l’usage de reflets, la construction oblique, image minimale, en tiers, le plan serré, etc…)

Cet exercice aura également pour but de guider le participant sur une voie de composition.

Exercice 3

Proposez de travailler les lignes de fuites. Demandez à ce qu’ils repèrent tout élément, ou séries d’éléments qui peuvent guider le regard en profondeur (une rangée de vélo, une rampe d’escalier, etc)

Exercice 4

Demandez à ce qu’ils réalisent l’image d’un inconnu, sur fond dépouillé (autant que possible), afin que l’attention se concentre uniquement sur ce personnage.

Exercice 5

Proposez de réaliser une série d’images frontales, et rigoureuses de façades.

Insistez sur la rigueur du cadre (droiture des lignes, symétrie, proportions).


Reflet – élément supplémentaire


reflet miroir


reflets abstraits


règle tiers


symétire et centré


cadre – image fermée (2)


cadre- image fermée


clair-obscur


couleurs chaudes qui ressort (2)


couleurs chaudes qui ressort


fond dépouillé (2)


fond dépouillé


image minimale


images minimale

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