1 – QU’EST-CE QU’UN BON PORTRAIT ?
La réussite d’un portrait dépendra de deux facteurs, qui doivent tous deux être respectés dans une même image, à savoir un esthétisme et un renvoi émotionnel fort de la part du sujet.
2 – LES RÉGLAGES CRUCIAUX POUR RÉUSSIR SES PORTRAITS
La profondeur de champ, qui doit être minimum, si la volonté est de mettre en exergue le sujet sur un arrière-plan flou.
La vitesse d’obturation doit être suffisamment rapide pour figer le visage du sujet ; pour ne pas générer de flou de bougé, une vitesse d’un 60e de seconde (dépendamment de la focale utilisée) est un minimum.
La focale utilisée ne doit pas être déformante. A trop courte focale (< 50 mm), et proche de son sujet, la distorsion se révèle être un vrai problème pour les visages.
La mise au point doit être faite sur l’oeil du sujet. Le regard étant le principal diffuseur d’émotion, il se doit d’être lisible.
La mesure lumière doit être faite sur le sujet, afin d’exposer le visage correctement.
3- ESTHÉTISER SON PORTRAIT
La lumière doit servir à mettre en évidence le sujet ou à l’embellir :
– Une lumière réfléchie sur le sujet peut-être utilisée (grâce à un réflecteur, ou une autre surface réfléchissante comme un mur blanc).
– Une source de lumière filtrée peut-être du plus bel effet (soleil au travers des branchages, d’une fenêtre,…)
– Une ambiance « clair-obscur » peut-être créée pour dramatiser la scène.
Distinguez deux placements du sujet dans votre cadre :

– La position au tiers de l’image, qui donnera moins d’importance au personnage et créera une image axée sur l’esthétique de composition.

– La position centrale du sujet, qui donnera une importance de premier plan au sujet ; il s’agira d’une composition simple, mais au service du portrait.
Distinguez les différents plans :
plan serré, plan poitrine, plan américain, plan italien, et plan moyen. Chacun de ces plans demandera de plus ou moins travailler avec la gestuelle du corps.
Le Plan Italien se situe entre le plan Americain et Moyen
L’importance du fond et du décor, qui ne doit pas interférer dans la lisibilité du portrait. De manière générale, l’oeil ne doit pas se porter sur un autre élément que le sujet humain. Pour ce faire, un fond à la texture unie, et neutre aidera à distinguer le sujet.
#4 DIRIGER SON MODÈLE, ÉTAPE PAR ÉTAPE
Donner les indications de base au modèle : dans un premier temps, positionnez-le dans le décor désiré, et sous l’éclairage adéquat.
Réaliser vos images test (lumière, profondeur de champ, focale, composition,…) : demandez au modèle d’adopter une position différente à chaque image, ou de se déplacer. De cette manière, l’échauffement sera aussi celui du modèle qui évitera de se rigidifier et de se sentir juste observé.
Vient ensuite le temps de la séance. Tout modèle non-professionnel aura tendance à s’inhiber dès le départ, et se dotera d’une « façade », une sorte d’attitude figée qu’il a l’habitude de prendre devant un objectif.
Le défi consistera à abattre cette façade pour retrouver le naturel. Pour ce faire, voici une liste d’astuces non-exhaustive :
– Dynamisez le modèle en lui demandant d’adopter une série de positions très spécifiques. De cette manière le modèle se concentrera sur son rôle et en oubliera l’objectif pointé sur lui, ce qui vous permettra également de repérer les postures les plus intéressantes.
– Indiquez-lui le point que ses yeux doivent fixer. Un regard légèrement décalé par rapport à l’objectif, permettra de donner une attitude plus détachée, plus profonde au regard « face-caméra ».
– Ne restez pas l’oeil collé au viseur, le sujet risque de se sentir scruté. Veillez à entretenir une relation plus simple et humaine avec le modèle, de cette manière l’attitude du sujet n’en sera que plus naturel.
– Demandez au modèle l’exécution de certains gestes ou d’opérations mentales, et qui demande une certaine concentration. Grâce à cet technique, le modèle oubliera l’espace d’un instant qu’il se fait photographier, et le naturel resurgira.
– Demandez au modèle de fermer les yeux. Lorsque ces yeux sont clos, déplacez-vous légèrement. Demandez ensuite à ce qu’il ouvre ses yeux, et déclenchez. De cette manière, vous capturez le sujet dans un bref moment de perdition.
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#5 QUELQUES AUTEURS REMARQUABLES
Nadar (1820-1910) : Il est le photographe des grands artistes de son temps. Il utilise le collodion humide, procédé négatif.
Auguste Sander (1876-1964) : A partir de 1911, il débute son immense projet nommé « les hommes du XXe siècle », qui rassemble des portraits d’allemands de toutes catégories sociales, et catégoriser en 7 groupes (les paysans, les artistes, les femmes,…).
Lisette Model (1901-1983) : Elle “caricature” ses sujets ; dans ses photographies, elle détaille les apparences, les grimaces, les rondeurs des corps. Sa photographie est clairement expressionniste.
Richard Avedon (1923) : Pour sa série « In the American West », il a parcouru les USA et photographié les américains de la basse société (ouvriers, vagabonds, serveurs, mineurs,…). Pour chacune de ses images, il utilisa un fond blanc, dressé en extérieur.
Philip-Lorca diCorcia (1951) : Il pratique une image qualifiée de « documentaire-fiction », deux termes antagonistes. Pratiquement, les situations qu’il photographie semblent être prises sur le vif, mais en réalité tout est mis en scène (sujet, lumière, figurants, décor).
Alec Soth (1969) : Photographe américain de l’agence Magnum, ses portraits sont empreints de douceur et d’honnêteté.
Bruce Gilden (1946) : Gilden n’est pas partisan d’une photographie qui embellit, au contraire il cherche à révéler ce qu’il y’a de plus inharmonieux dans les visages. Il utilise pour cela le flash afin d’exposer uniformément les visages, et réalise des plans très serrés