#1 LA DÉFINITION
Pour en être réellement un, le cliché de rue doit correspondre à cette définition:
La photographie de rue est un genre artistique, se pratiquant dans des lieux publics, et cherchant à capturer une présence humaine à l’attitude spontanée (non-posée).
La Street Photography s’avère donc être un genre aux caractéristiques précises, et qu’il faudra éviter de confondre avec celui du paysage urbain (s’intéressant à l’urbanisation dans son ensemble, et non forcément à l’humain), et celui du portrait de rue (photographie posée).
#2 LES RÉGLAGES
Photographier la rue, et ses personnages, demande une grande réactivité de prise vue ; il est donc nécessaire d’adapter les réglages, et les modes du boîtier, pour s’adonner à ce genre dynamique.
Le mode de prise de vue : Le mode de priorité à la vitesse (S/Tv) sera privilégié, car il sera fréquent de devoir adapter sa vitesse au mouvement du sujet. Le mode manuel est à proscrire ; la perte de temps engendrée par le réglage de l’ouverture et de la vitesse simultanément ne se prête pas à une photographie vive et spontanée.
Note : le mode manuel pourra tout de même s’employer lorsque l’on souhaite réaliser une série d’images d’une même scène, avec une exposition particulière.
La sensibilité : Afin de se défaire du réglage de la sensibilité, et donc de gagner du temps, une solution sera de régler une plage automatique de sensibilité.
La vitesse d’obturation : Gardez en tête quelques références ; celle nécessaire pour figer une personne immobile (>1/60s), celle pour un marcheur (>1/320s) ou un coureur (>1/640s), etc. Ayez également connaissance des vitesses adéquates pour créer un filé, ou un flou de mouvement esthétisant.
La mise au point automatique : Le mode AF-C (Servo) associé à un collimateur (ou un groupe) est préconisé. Cette combinaison permettra un suivi précis du sujet.
La mise au point manuelle : Il peut être astucieux de bloquer la mise au point à une certaine distance, et de déterminer la zone de profondeur de champ ; ceci afin de prendre des images « à l’aveugle », sans regarder dans le viseur, mais en évaluant la distance du sujet.
La mesure lumière : La méthode la plus rapide sera d’utiliser une mesure Evaluative (Matricielle chez Nikon), couplée à l’usage du correcteur d’exposition (si l’exposition est problématique, ou si un effet de clair-obscur est désiré).
Note : La mesure Spot, puisqu’elle nécessite de cibler le point à exposer correctement, sera moins véloce et pourrait entraîner des erreurs d’exposition.
#3 LES APPROCHES
Deux grandes techniques d’approche sont à distinguer lorsqu’il s’agit de photographier le personnage de la rue.
Le photographe cueilleur
Dans cette approche, Il s’agira de repérer à l’avance un endroit à l’architecture, à la disposition, à la lumière intéressante, pour ensuite attendre l’arrivée du bon protagoniste dans le cadre.
En posture “cueilleur”, la composition sera très souvent l’élément central de l’image, et il sera plus compliqué d’obtenir une image humainement forte.
Néanmoins, cette approche permet de maîtriser beaucoup de facteurs : composition, lumière, technique, et instant décisif.
Le photographe chasseur
Dans cette approche, il s’agira d’aller à la rencontre / au contact du sujet. Le personnage aura de ce fait un rôle central dans l’image, et devra être digne d’interêt ; sinon, le risque serait de créer une image qui ne tiendrait ni à l’humain, ni à la composition.
Comparativement au “cueilleur”, le “chasseur” devra adopter une posture plus franche et décomplexée par rapport à son sujet.
#4 LES ASTUCES
“Servez-vous des reflets”
Photographiez un sujet reflété dans une vitrine, à la surface de l’eau, par un rétroviseur, etc. Cette astuce vous évitera une confrontation directe avec le personnage, et donnera une esthétique singulière à votre image.
“Jouez à un autre jeu”
Approchez-vous d’un sujet en faisant mine de photographier quelque chose au-dessus de lui, ou à coté… Ensuite, photographiez le rapidement, ou faites semblant de regarder votre photo, alors qu’en réalité vous êtes en train de le photographier en « visée écran » (LiveView).
“Utilisez un grand angle”
En utilisant un grand angle, votre sujet (qui supposément n’y connait pas grand chose en photographie) n’aura pas conscience qu’il peut apparaître dans votre viseur. Ceci vous permettra de le photographier sans en être soupçonné.
“Fermez l’image”
Faites-en sorte que votre sujet apparaisse au travers d’une “ouverture”. Cette astuce peut-être réalisée grâce à un élément disposé au premier plan, et très proche de l’objectif (un interstice entre des feuilles d’arbres, l’entrebâillement de rideaux). Cette astuce vous permettra de mettre en exergue votre sujet, et de vous cacher de ce dernier
“Déployez votre trépied”
Travailler sur trépied vous rend plus “professionnel” (vous pourriez être un photographe d’architecture réalisant une commande), et donc plus légitime dans votre activité aux yeux de nombreuses personnes. Vous semblerez assumer complètement votre prise de vue, et ne serez donc pas suspecté de “voler des images”.
“Ayez l’air naturel”
Si après avoir déclenché, le sujet vous observe d’un air interrogateur (voir accusateur), ne tentez pas de fuir son regard, mais au contraire souriez-lui et regardez-le avec bienveillance. De cette manière, par regards interposés, vous rassurerez la personne sur vos intentions.
#5 LES GRANDS PHOTOGRAPHES DE RUE
Eugène Atget (1857-1927) : Vers la fin du XIXe siècle, ce photographe français entreprend de documenter, par la photographie, les rues de Paris. Sa démarche était celle d’un photographe de rue ; il cherchait à capturer ses sujets “à la sauvette”, sans qu’ils ne posent (chose parfois impossible, à cause du temps de pose trop long et du matériel très encombrant).
1. Pictioralisme
2. Pictioralisme
3. Pictioralisme
4. Eugène Atget
5. Eugène Atget
6. Eugène Atget
7. Eugène Atget
8. Eugène Atget
9. Eugène Atget
10. Eugène Atget
11. Eugène Atget
12. Eugène Atget
13. Eugène Atget
14. Eugène Atget
15. Eugène Atget
16. Eugène Atget
17. Eugène Atget
18. Eugène Atget
Henri Cartier-Bresson (1908-2004) : Il est le premier vrai photographe de rue, au sens pur du genre. Toute son oeuvre se base sur l’esthétique de la rencontre, de la surprise au hasard des rues, le « merveilleux quotidien » comme il l’appelait. Bresson privilégie la composition selon le nombre d’or ; harmonieuse et précise.
1. HC Bresson
2. Leica M
3. HC Bresson
4. Nombre d’or
5. Nombre d’or
6. HC Bresson
7. HC Bresson
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11. HC Bresson
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13. HC Bresson
14. HC Bresson
15. HC Bresson
MEXICO. 1934.
ITALY. Tuscany. Livorno. 1933.
Garry Winogrand (1928-1984) : Un des plus célèbres photographes de rue américains. Il est également un des premiers à marquer la rupture avec l’illustre Henri Cartier-Bresson et ses préceptes de composition ; les clichés de Winogrand sont construit de manière plus anarchique, et dynamique.
1. Garry Winogrand
2. Garry Winogrand
3. Garry Winogrand
4. Garry Winogrand
7. Garry Winogrand
9. Garry Winogrand
10. Garry Winogrand
11. Garry Winogrand
12. Garry Winogrand
13. Garry Winogrand
14. Garry Winogrand
William Klein (1928) : Tout comme Winogrand, la photographie de Klein est très spontanée, en témoigne l’esthétique chaotique de ses images (flou, grain, décadrages,…). Il est également l’instigateur du mouvement de la Close-up Photography, un genre qui prône une prise de vue au plus proche du sujet.
Lee Friedlander (1934) : Les images de Lee Friedlander sont d’une grande richesse compositionnelle. Dans les années 1960, ce grand nom de la photographie américaine va à l’encontre des règles de composition amenées par Bresson ; Friedlander expérimente énormément, et intègre dans ses images des flous, des décadrages, sa propre personne, des jeux de reflets, etc. Ses images sont très souvent saturées d’éléments, et donc très complexes à lire.
Bruce Gilden (1946) : Ce photographe américain est aujourd’hui le principal représentant de la Close-Up Photography ; il déclenche toujours à moins d’un mètre de ses sujets, au flash, et sans prévenir.