#1 LES ATOUTS DU MONOCHROME

Le monochrome ramène à l’essentiel. Une photographie couleur est souvent difficile à composer, tant il y a de tonalités à accorder, ou à faire ressortir. Le noir & blanc est plus synthétique ; comme les jeux de couleurs sont absents, il ne reste que la lumière et les formes pour composer.

Le monochrome apporte une homogénéité de forme. Le fait de passer les images en noir et blanc apporte immédiatement une cohérence grâce à la suppression chromatique. Les différences entre couleurs dominantes sont relativement gommées par la conversion vers le monochrome.

Le monochrome dramatise. De part son caractère plus terne, et son plus grand manichéisme de tonalité (la couleur n’étant plus là pour nuancer), le noir & blanc pourra amener une certaine force tragique à la scène. Le photographe devra tenir compte de cet effet qui peut tronquer la réalité, la rendre plus ténébreuse.

#2LES RÉGLAGES ESSENTIELS POUR PHOTOGRAPHIER EN NOIR & BLANC

Choisir le format Jpeg. Afin de pouvoir enregistrer une image monochrome directement à la prise de vue, choisir le format Jpeg est impératif. Un image Raw, quant à elle, n’acceptera pas la conversion vers le noir & blanc.

Choisir le mode “monochrome” dans le menu “style d’image” (Canon) ou “picture control” (Nikon). Il ‘agit cependant d’une méthode très basique, et peu satisfaisante pour convertir une image en noir & blanc ; avec ce mode de conversion, un bleu et un rouge de même tonalité lumineuse seront transcrits dans la même gamme de gris.

Améliorez et personnalisez le mode “monochrome”. Quelques outils de personnalisation permettent d’accentuer le contraste, la netteté, mais surtout de jouer sur la réponse tonale. Cette dernière option permettra d’obscurcir ou d’éclaircir le gris auquel est associé l’une ou l’autre couleur :

  • Le filtre rouge éclaircit le rouge, obscurcit le vert et le bleu
  • Le filtre vert éclaircit le vert, obscurcit le rouge
  • Le filtres Jaune et orange obscurcissent un peu le bleu et le vert, éclaircissent un peu le rouge

#3 PENSEZ EN NOIR & BLANC

Repérez les scènes à fort contraste. Afin de rendre l’image plus explosive et nuancée, préférez les sujets aux forts contrastes lumineux (soleil-ombre, blanc-noir, éclairage dirigé-obscurité, etc.).

Repérez également les sujets aux couleurs opposées (magenta-vert, jaune-bleu, etc.), qui permettront de bien distinguer les nuances de gris associées à ces couleurs (réponse tonale). (cf #1)

Repérez les textures micro-contrastées. Les surfaces granuleuses et striées, telles que la peau ridée, la pierre, l’asphalte, l’écorce sont magnifiées en monochrome. (cf #2)

Attention à la lisibilité de votre image. Encore une fois, le monochrome perturbe la bonne distinguabilité des différents composants de l’image, leurs couleurs n’étant plus là pour nuancer. Afin de ne pas produire une photo « bouillie », préférez les images graphiques aux lignes structurantes, les compositions dépouillées, ou encore l’emploi d’une faible profondeur de champ pour distinguer une partie réduite de l’image. (cf #3)

Envisagez des images à l’effet « clair-obscur ». Amenez à son paroxysme l’esthétique du noir et du blanc, mettez en valeur l’élément lumineux dans son contexte très obscur, ou inversement. (cf #4)

Exposez correctement les ciels « actifs ». Les cumulus sur fond de ciel bleu seront du plus bel effet en monochrome, et rien n’empêche de les dramatiser (les assombrir) à l’aide d’un filtre jaune ou rouge. (cf #5)


fort contraste1


fort contraste2


textures Microcontrastées


Attention à la lisibilité de votre image


Envisagez des images à l’effet « clair-obscur »


Exposez correctement les ciels « actifs »

#4 Quelques auteurs remarquables

Edward Weston (1886-1958) : Ses images de poivrons, de choux, de champignons, de coquillages sont des oeuvres graphiques dans lesquelles les lignes courbes sont soulignées par de somptueux contrastes. Le monochrome qui ramène à l’essentiel, aux formes et à la lumière, a le pouvoir styliser les objets.

Brassaï (1899-1984) : Dans sa série « Graffitis », il répertorie inscriptions et dessins sur les murs de la ville. Ces graffitis constituent de très belles textures
« micro-contrastées », que le monochrome est capable de sublimer.

Mario Giacomelli (1925-2000) : Ce photographe italien a réalisé de majestueuses images sur la vie monacale et le paysage agraire. Le contraste de ses photographies est extrême ; les gris sont quasis absents, il ne subsiste que le noir et le blanc.

André Kertész (1894-1985) : Dans les images monochromes de ce photographe hongrois, les ombres et la géométrie ont presque plus d’importance que les personnages ou les architectures.

Stephan Vanfleteren (1969) : Photographe belge, Vanfleteren est très attentif aux textures micro-contrastées, comme la peau ridée, le béton, le cuir craquelé, la pierre. L’emploi du monochrome sublime ces textures.
Dans certaines de ses images, l’esthétique noir et blanche est aussi employée pour rajouter à la misère de la scène, pour la dramatiser encore davantage.

Michael Ackerman (1967) : Il se sert du noir & blanc pour accentuer l’âme sombre de ses images, il les dramatise. Pour ce faire, il produit des images aux contrastes exagérés

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